La nostalgie des blattes

Il est bâclé votre Alzheimer.
Elles ont refusé les interventions chirurgicales : elles s’exposent au monde, comme rescapées dans un musée de vraies vieilles naturelles. Au final, deux sexagénaires, sous des drones, dans un futur proche, espèrent un visiteur…


Deux vieilles assises, face au vide. Elles luttent, se battent et s’exposent. Concours des signes de la vieillesse : taches sur les mains, rides au front, paupières tombantes. Elles exhibent dans cette fête foraine désertée les effets du temps sans collagène, ni bistouri, ni Botox. Elles sont les seules, les ultimes vraies vieilles d’un monde où on ne mange plus ni gluten ni sucre, où des drones de surveillance traversent l’espace, où rôde une brigade sanitaire. _
Temps à venir : 2018 peut-être ? Deux femmes dialoguent et se livrent, assises, un combat sans merci. Elles attendent un passant, un client, un sauveur. Rien ne vient. Elles se foutent sur la gueule au moindre centimètre carré volé par l’autre. Mais elles finiront peut-être par bouger, quitter ce monde qui fait peur. Se lever, et partir. Et ensemble, victorieuses.

Catherine Hiegel a eu l’idée de la pièce avec Tania Torrens : jouer deux vieilles qui refusent les interventions chirurgicales et qui s’exposent au monde. Elles s’inventent un musée de sexagénaires.

Un duo saignant, écriture au scalpel, duel de vieilles peaux. Elles cherchent la lumière dans un monde aseptisé, sans champignons, sans moucherons, où elles finiraient même par avoir la nostalgie des blattes.