Beethoven, la malédiction
« Ludwig van Beethoven n’a composé qu’un unique opéra Léonore, appelé plus tard Fidelio. Malgré trois versions différentes, il ne connut pas un grand succès. Beethoven, touché par cet échec, décida de ne plus en écrire aucun, malgré quelques velléités restées sans lendemain.
Pour un compositeur d’une telle puissance au génie indéniable, j’ai toujours trouvé curieux cette impuissance à donner à ses contemporains, et par-delà à la postérité, plusieurs opéras. J’ai donc cédé à la tentation de la fiction pour expliquer ce mystère. J’ai fait intervenir un personnage qui prend l’apparence de son meilleur ami, le docteur Wegeler, et qui n’est autre que le diable venu le tenter. Cette tentation, tout comme avec Faust, se résume à une proposition : offrir à Beethoven la possibilité de composer les opéras les plus magnifiques en échange de… On connaît le pacte. Ludwig, bien entendu, refuse, drapé dans sa fierté. La punition de mon Lucifer sera une véritable malédiction, elle se révèlera terrible pour un compositeur, un musicien, un fou amoureux de la musique : la surdité.
La pièce, on l’a compris, est une idée, une hypothèse de poète. Elle m’a amusé et j’espère qu’elle séduira aussi le public grâce à la mise en scène de Stéphane Cottin et aux interprétations subtiles et non dénuées d’humour de Jean-Paul Farré et de Jean-Jacques Moreau. Quoi qu’il en soit, Beethoven demeure un des plus grands et rayonnera encore longtemps de sa splendeur dans le monde merveilleux de la musique. »
Gérard Savoisien